Kayak gonflable sur la rivière Magpie (CANADA) août 2019

Bilan écol’eaugique de la Magpie river : 2 118 kg de CO2

500 km de train, 12 840 km d’avion, 100 km d’hélicoptère pour atteindre le point de départ. Nous avons donc reversé 51 € à ReforestAction.

En ce qui concerne les déchets, nous n’avons constaté aucun déchet plastique sur la rivière « Magpie ». nous avons répertorié un seul déchet en 65 km de descente, un très gros baril en fer rouillé sur la berge (visiblement là depuis des années ) que nous n’avons pas pu emmener car trop lourd et trop coupant pour le raft.

Nous avons reversé 600 Dollars Canadiens à Ottawa Riverkeeper, une association qui lutte contre le plastique dans les rivières québécoises et canadiennes et organise régulièrement des opérations de nettoyage.

Nous avons collecté des données chaque jour avec les résultats suivants:  Température 14°C     dureté de l’eau O     PH  6   Oxygène dissous   10.8 mg/l    conductivité 12.6 micro siemens/centimètre.

Ces données réunies indiquent l’absence de pollution plastique et industrielle.

 

Dimanche 11 août 2019

6 heures, je suis réveillé depuis 5 heures du matin, je suis dans le nord-est du Canada dans une petite ville nommée Sept-Iles. 6h45 on part pour l’héliport direction la rivière Magpie, 100 km plus au nord, une des 10 plus belles rivières du monde, mais aussi une des plus sauvages. Il y a un briefing de sécurité avec le pilote puis on charge le petit matériel. Après 40 minutes de vol, on se pose et l’hélicoptère repart chercher le gros matériel et les autres guides. En tout nous serons 9 : 

3 aventuriers touristes (Thibaut,  son fils Quentin et moi-même) et 6 guides ou spécialistes.

Il y a Ty, le guide en chef, qui a descendu 17 fois la Magpie ; Rob, le guide bagages, pour lui c’est la troisième fois ; Matt, le guide kayak ; Louis, qui fait des vidéos ; Dalal, une spécialiste du milieu naturel qui fait sa thèse et nous fait profiter de ses connaissances ; et Joe, un habitant local qui vit au contact de la nature depuis toujours et partage ses compétences de vie en milieu difficile.

On gonfle les rafts, on charge le matériel sur un des deux rafts. On s’équipe (combinaison néoprène, gilet de sauvetage, casque) puis Ty nous fait travailler les manœuvres de sécurité et de cohésion  et enfin on démarre notre descente sous la pluie. On aperçoit très vite une belle cabane de castor, et Dalal  nous précise qu’à l’intérieur d’une cabane de castor il y a toujours une pièce de vie et une chambre à coucher, et que les castors peuvent travailler à la construction d’un même barrage sur plusieurs générations. On s’arrête pour manger, on repart. Vers 15h30 on passe un petit rapide du nom de « Chalalo », puis on s’arrête pour la nuit. Comme « il pleut à boire debout », expression québécoise qui indique qu’il pleut fort, on monte la bâche qui nous permettra de manger au sec, puis nos tentes.

Nous sommes piqués par des mouches noires assez nombreuses (bilan à la fin du séjour :  environ 60 piqûres…) Au menu du dîner, flétan cuit au feu de bois. Car Joe un guide local  a réussi à faire du feu sous une pluie battante en le protégeant avec des fougères. Ty nous donne le programme du lendemain, journée d’entraînement sur place. Et sinon, voici comment se déroule une  journée-type :

4h30 : il fait déjà jour car nous sommes au-dessus du 50ème parallèle

6h30 : café, puis atelier pliage de tente

7h30 : petit-déjeuner, puis on range les affaires, on charge les rafts et on s’équipe

9h30 : navigation sur la rivière

12h : déjeuner

13h :  reprise de la navigation

15h30 : arrêt pour la nuit, on vide les rafts, on monte le camp et les tentes, on fait du feu

17h :  temps libre, repos, séchage d’affaires, musique

18h :  préparation du repas

19h : dîner

20h : il fait nuit et on passe alors environ 1 heure à chanter près du feu, accompagnés par les guitares de Ty et Rob

21h :  au lit tout le monde !

 

Lundi 12 août 2019

Journée d’entraînement. Le matin, pêche : j’attrape une énorme truite mouchetée. Ensuite on part pour un petit trek de 45 minutes et on cueille tout ce qui est comestible sur les indications de Dalal, c’est-à-dire des bleuets, des Catherinettes (sorte de framboise sauvage) des airelles et une plante que l’on appelle thé du labrador. On passe l’après-midi à s’entraîner avec nos kayaks sur des petits rapides. Le soir je fais une marche le long de la berge pour répertorier les déchets pour le compte de SURFRIDER FOUNDATION. Sur environ 1 km, je constate un seul déchet : un vieux baril en métal que nous ne pouvons pas emporter car trop lourd et surtout trop coupant, il risquerait d’abîmer le raft. C’est l’unique déchet dont nous constaterons la présence sur les 65 km de descente que nous ferons. Le soir au dîner nous mangeons les truites que nous avons pêchées le matin.

 

Mardi 13 août 2019

9h30 on démarre la descente de la rivière. Voici comment se décompose notre petite colonne : Ty avec 4 personnes dans le 1er raft, Matt, Quentin et moi chacun dans notre kayak, derrière nous Rob sur le raft avec tout le matériel. Il pleut. Dans la journée on fait des rapides force 3 et deux de force 4, « Marmite » et « Blanche-Neige ». Je me retourne sur la dernière vague du dernier rapide de la journée. Mais je n’ai pas lâché le kayak et j’arrive à le retourner et à remonter dessus. On s’arrête sous la pluie. Juste 1/4 d’heure plus tard,  le soleil  apparaît et il restera avec nous jusqu’à la fin de notre périple. Nous faisons le relevé quotidien des déchets pour SURFRIDER FONDATION : RAS. Nos guides arrivent à faire de la bonne cuisine,  voici les menus du soir :

Dimanche soir => flétan

Lundi soir => truites issues de notre pêche fructueuse

Mardi soir => steak

Mercredi soir => lasagnes végétariennes

Jeudi soir => plat thaï + nems végétariens

Vendredi soir => salade de quinoa

 

Mercredi 14 août 2019

Et c’est reparti pour une journée de navigation en kayak.  Avec Ty, nous faisons le premier portage de la rivière.

 

 

Un portage est nécessaire aux endroits de la rivière qui sont trop dangereux à passer en raft ou en kayak. On s’arrête donc avant la difficulté, on descend sur la berge, on laisse les embarcations dans l’eau sur le côté de la rivière et on les tire avec une corde. Si vraiment ce n’est pas possible, on doit vider les bateaux de leur chargement, les sortir de l’eau, puis les porter sur la berge pour dépasser le point dangereux. Il faut alors porter également tout le chargement et le remettre sur les bateaux. Une fois la difficulté passée on remonte tous dans nos rafts ou kayaks.

 

 

Ce jour-là, Ty nous a tous rassemblés sur le raft, moins dangereux que les kayaks car beaucoup plus stables, juste avant un portage.  En effet, nous approchons d’un gros rapide. Tout à coup, un rocher qui affleurait côté droit et que nous n’avons pas vu  nous arrête net. Deux personnes tombent à l’eau, Louis à  l’avant droit et Thibaut au milieu droit. Louis, le guide, se met à nager tout de suite vers la berge pour ne pas être pris dans le très gros rapide que nous devons passer en portage. Thibaut lui ne panique pas, mais ne réagit pas non plus. Je me lève et je lui dis quoi faire en criant pour couvrir le bruit de l’eau, je le fais nager vers le bateau, dès que c’est possible j’attrape sa pagaie qu’il n’a pas lâchée et le tire vers le raft, je mets sa pagaie dans le raft, je l’attrape par les sangles de son gilet et me bascule en arrière pour le remonter dans le raft. Pendant ce temps, Ty a continué à donner des ordres aux 3 pagayeurs restant pour qu’on puisse s’approcher de la berge et s’arrêter avant le rapide. Ouf ! Nous sommes tous sur la berge, sains et saufs, à l’arrêt avant ce fameux rapide. Ensuite le portage se passe bien et nous en ferons même un deuxième plus tard dans la journée sur le rapide « Pointe des pieds ». Le soir, on s’arrête sur une île au milieu de la rivière, on est seuls au monde. Il faut dire que la Magpie est une rivière praticable uniquement en août et qu’elle ne voit passer qu’une quarantaine de personnes par an en 2 ou 3 expéditions.

 

Jeudi 15 août 2019

Et c’est reparti, aujourd’hui je suis toute la journée à bord de mon kayak. On passe des rapides de force 3  puis 4. Sur le dernier rapide, « Saxophone », Quentin se retourne avec son kayak devant moi. Suivant les instructions des guides, je ne m’occupe pas de lui, ce sera le job d’un guide si Quentin ne s’en sort pas tout seul. Je passe, mais plus loin, pris par la dernière vague, qui est énorme, je me retrouve à l’eau à mon tour. Je  remonte dans mon kayak avec l’aide de Matt qui était juste à côté. Quentin est lui aussi remonté sur son kayak. Le reste de la journée se passe sans encombre. On s’arrête de nouveau le soir sur une petite île et je m’entraîne à esquimauter* avec le kayak de Matt. On fait une partie de pétanque improvisée sur une petite bande de sable avec des galets bien ronds, le Canada contre la France.

*Esquimauter : après s’être retourné, esquimauter consiste à revenir à la surface sans sortir de son kayak à l’aide de sa pagaie (voir la vidéo sur notre chaîne You Tube).

 

 

Vendredi 16 août 2019

 

 

 

 

 

 

 

 

Aujourd’hui on fait de nouveau un portage sur le haut de la chute des « Femmes » et on descend la fin en kayak. C’est très impressionnant, et aussi très beau une fois qu’on est en bas sain et sauf et qu’on peut se retourner pour admirer la chute d’eau. Ensuite, on monte tous dans le raft pour passer la chute de « Confiance », tout se passe bien et je réintègre mon kayak. Dans l’un des derniers rapides, le « Boréalis »,  je me retrouve de nouveau à l’eau sur la dernière vague (cela devient une habitude). Cette fois, les remous sont énormes, je suis tellement ballotté dans tous les sens que je lâche mon kayak, mais pas ma pagaie. Je me mets alors en position de sécurité, sur le dos, les pieds devant afin d’amortir un éventuel avec un rocher. Arrivé dans des eaux plus calmes, je nage vers le raft qui attend que tout le monde arrive et on me remonte à bord. Pendant ce temps, Matt a récupéré mon kayak, il me le ramène et je remonte dedans.

Il faut encore traverser un lac assez grand, alors du coup on attache les deux rafts ensemble et tout le monde pagaie pour aller plus vite. On retrouve l’hélicoptère à l’endroit prévu et il récupère une grande partie du matériel. On garde juste la nourriture du soir, les tentes, les kayaks et un minimum d’affaires personnelles. On récupère aussi 2 canoés qui étaient cachés dans les bois pour notre groupe. On monte le camp juste à côté d’une grosse chute d’eau qui s’appelle la « 4ème chute », elle est magnifique. C’est notre dernière soirée ensemble au bord de la Magpie, on chante et on boit de la bière qu’on gardait au frais pour l’occasion.

 

Samedi 17 août 2019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le camp est situé à un endroit certes magnifique, mais on ne peut pas repartir directement en bateau. On porte donc toutes nos affaires personnelles, les tentes, les kayaks, les pagaies, les gilets de sauvetage, les casques et le repas du midi pendant 20 minutes. On se remet à l’eau et on pagaie pendant une heure pour arriver aux chutes « Magpie ». C’est magique, la cascade est belle, il y a du soleil et avec  les gouttelettes d’eau cela forme un arc-en-ciel. On pique-nique, puis on repart. On pagaie de  nouveau pendant 1h30 pour arriver au barrage « Magpie ». C’est le premier signe de civilisation après 7 jours  et 65 km de rivière et cela marque aussi la fin de notre aventure canadienne.

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